La présentation de deux heures pendant laquelle les diapos se succèdent avec monotonie, ça ne pardonne pas. L’ennui est, effectivement, mortel. David Ogilvy, le grand publicitaire de Madison Avenue (et l’un des personnages qui ont inspiré la série Mad Men) ne mâchait pas ses mots : “La plupart des gens utilisent PowerPoint comme un ivrogne utilise un lampadaire, pour s’appuyer, plutôt que pour s’éclairer.”
PowerPoint ne peut pas faire ta présentation à ta place… Mauvaise habitude, on se sert de PowerPoint comme d’une béquille, ou pire, comme d’un écran protecteur entre soi et son auditoire. Le problème, c’est que PowerPoint n’y peut pas grand-chose s’il est mal utilisé. PowerPoint est un médium, une façon de faire passer un message, pas une méthode. Lancer PowerPoint pour commencer à préparer sa présentation, c’est comme ouvrir Word et espérer que le prochain Goncourt va s’écrire tout seul, ou acheter une boîte de gouaches et penser que ça suffit pour devenir Léonard de Vinci.
On a tous souffert de l’exposé PowerPoint qui tue : les diapos bourrées de texte, l’intervenant qui lit ses diapos en entier, en tournant le dos à son auditoire, les polices de caractères minuscules et/ou illisibles, les images génériques de banques d’images et l’overdose de clip art. Sans parler des grosses pannes d’inspiration où on s’en remet aux transitions animées pour masquer qu’on n’a rien à dire : diapo qui glisse, diapo qui rebondit, diapo qui arrive par la gauche, par le bas, fondu enchaîné… Pitié, n’en jetez plus !
Autrement dit, le PowerPoint est mûr pour un bon petit hack.
Comment préparer un exposé qui claque, avec ou sans PowerPoint (mais plutôt sans)
La bonne question à se poser, c’est: pour qui écris-tu ton PowerPoint ? Pour toi, pour te servir d’aide-mémoire ? Ou pour ton public, pour l’aider à fixer son attention ? Si les diapos PowerPoint de ta prochaine présentation ont exactement la même fonction qu’un prompteur ou que des fiches bristol avec des notes à toi-même, alors tu n’as pas besoin des diapos.
Ce qui est projeté sur l’écran de la salle de réunion doit aider ton auditoire : - des choses difficiles à mettre en mots mais qu’on peut commenter (graphiques, statistiques) - des images pertinentes et percutantes (on évite les gros clichés de la réunion corporate: la cible avec une flèche au milieu pour parler d’objectifs, les gens avec un sourire Colgate qui se donnent la main pour parler de coopération) - des mots-clés pour fixer les idées.
Très peu de texte, et peu de puces (ça gratte).
D’autres styles à essayer :
Pour envoyer un bon coup d’air frais dans tes diapos, essaie des styles différents pour ton exposé :
Pecha Kucha: 20 diapos de 20 secondes chacune, qui avancent automatiquement, pour un temps total d’exposé de 6 minutes 40.Les contraintes, nombre de diapos et temps pour chaque diapo, donnent une structure à ta présentation et un joli défi à relever: on est plus créatif quand on a un cahier des charges.
Lightning talk, One Minute Madness: arriver à compresser son exposé en un temps très court, une à cinq minutes, oblige à se demander “C’est quoi mon message principal ?” Du coup on a des présentations beaucoup plus concentrées et un auditoire qui retient mieux l’idée cruciale.
Show and Tell: amener un objet avec soi, comme un accessoire de théâtre, ça donne du peps à un exposé. L’objet fixe l’attention de l’auditoire, comme dans ce TEDTalk où une chirurgienne a enfilé des gants en latex pour s’emparer d’un cerveau (un vrai) et expliquer comment le cerveau est affecté par un AVC.
Si tu ne trouves pas de cerveau pour ton prochain exposé, pas de problème: tu peux essayer un autre logiciel de diapos que PowerPoint, comme par exemple Prezi ou Beautiful.
Prezi fonctionne sur le modèle de la mind map ou carte heuristique: au lieu du carcan rigide et linéaire des diapos qui défilent l’une après l’autre, Prezi permet de spatialiser ce qu’on a à dire, de mieux voir les relations et les synergies, et de zoomer pour parler d’un point plus en détail, avant de dézoomer pour retrouver la vue d’ensemble.
Plus d’inspiration : Les diapos originales d’Alexei Kapterev (en anglais)
Et la traduction française par Gregory Savi.
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